Non-existence flippante
Le bonheur ça a l'air facile (c'est fou ce que le mot "facile" est connoté négativement dans mon esprit. C'est bien dommage. Je rêve d'un monde où la prise de tête n'est pas connotée élitiste & la facilité connotée conne.) :
Faudrait juste se convenir. Faire une sorte d'inventaire de ses goûts - projets - tout ça & puis faire en sorte de les respecter.
Ça marcherait dans mon cas si j'étais pas du genre à tout raturer. J'avance ma vie et puis d'un coup je me rends compte que je n'ai plus rien à dire à moi-d'avant. J'en conclus que j'ai changé. Et je repense à mes ex-moi, et je me hais... Tous. Impossible d'assumer que j'ai été ça. Je ne me hais pas (pas encore). Juste toutes les personnes qui m'ont amenée à être la personne que je suis maintenant. Toutes les successions d'étrangères qui ont tour à tour employé mon corps & mon identité. Jusqu'à maintenant. J'attends le jour où je deviendrai quelqu'un qui m'aimera tout en se préférant. C'est cet instant que j'appellerai "bonheur".
Avec toutes ces conneries me vient une question existentielle au sens propre. Existé-je ?
Je pense, donc voilà. Mais après, si tous ces changements de moi ne sont dûs qu'au monde qui m'entoure... Qu'est-ce qui est moi ? Tout ce qui m'amène à changer m'est extérieur, mais existe-t-il un intérieur autre que ces putains de doutes continus ? Un truc à l'intérieur de moi qui ne soit pas lourd [*] & triste & laid parce que la tristesse c'est laid ?
Le seul truc commun à tous les "moi" sont tout ces traits que je déteste. La peur, la peur la peur la peur la peur et une sorte de "paralysie sociale" due à... ! La peur de quoi ? Chronologiquement : d'abord, la peur de ne jamais percevoir d'amour. Ensuite, la peur de ne pas bien percevoir. Ensuite, la peur de ne plus percevoir (bien ou mal). Puis la peur de perdre. La peur de causer soi-même la perte. La peur d'être détestable. La peur de tous ces instincts foireux qui me bloquent. La peur d'avoir perdu mon enfance et bientôt ma jeunesse et plus tard mon temps, à avoir peur.